top of page
  • Photo du rédacteurAFVF

Témoignages: violences intra familiales par Angelique

Voici mon histoire :


Enfant non désirée, j'ai été victime de violences et d'inceste de la part de mon père. A 15 ans, je révèle les faits aux gendarmes qui ne m'ont pas cru car je venais de fuguer avec mon petit copain de l'époque, ma propre mère ne m'a pas cru et ne voulait surtout pas d'histoires. À 16 ans, je pars et m'assume pour fuir ce climat familial. Ma famille m'a toujours rejeté et pris comme le mouton noir de la famille car j'osais dénoncer.


Malgré tout, je me construis comme je peux, je passe mon bac littéraire que j'obtiens avec mention ainsi qu'un bts. Je travaille et m'assume.


Ma vie amoureuse a été émaillée de violence à mon encontre car c'était le seul langage qu'on m'avait appris depuis le bas âge.


Le 4 mai 2019, mon monde s'écroule. Le père de ma dernière a battu mon fils aîné à coups de ceinture et de coups de poings, gifles pendant plus de 30 minutes en mon absence devant mes autres enfants. À mon retour, je retrouve mon fils en sang, je le laisse sortir rejoindre ses amis qui l'accompagneront aux urgences faire constater ses coups pendant que j'affronte notre bourreau et surtout protège mes quatre petits. Deux années que l'on subit les violences de notre bourreau, je le mets à la porte des dizaines de fois, la police intervient à chaque fois car les voisins me décrivent comme folle et causant du tapage vu que Monsieur est apprécié de tous car très souriant à l'extérieur de notre foyer. Le voisinage me supplie même de le reprendre car Lucie a besoin d'un papa et que j'élève déjà 4 enfants sans leur père. Bref, on me juge.


Suite à la dénonciation des violences subies par mon grand, on place mes enfants sur le champ sauf ma dernière Lucie.


Le 1er juin 2019, je porte plainte pour violences conjugales car le bourreau n'est plus là et je suis enfin libre de pouvoir le faire. Cette plainte a été traitée il y a à peine un mois et classée sans suite et n'a pas été instruite, seul Monsieur a été auditionné.


Le 4 juillet 2019, je comparais devant le tribunal correctionnel de Mende à côté de notre bourreau. Lui pour actes de maltraitance sur mes enfants et moi pour non dénonciation d'actes de maltraitance. Lui écope de 6 mois de prison ferme et six mois de prison avec sursis, pour ma part on me condamne à huit mois de prison avec sursis. Ce jour là, le procureur de la république me dit textuellement : " Madame, vous êtes moins qu'un mammifère, vous n'avez pas protégé vos enfants !". Bien sûr la presse lozerienne, le journal La Lozère Nouvelle, n'a pas manqué de m'accorder une page entière dans les faits divers, ruinant ainsi tout mon avenir dans ce département.


Je fais appel bien entendu de cette condamnation devant la Cour d'appel de Nîmes, le procès aura lieu le 13 octobre prochain.


Aujourd'hui, mes enfants vont bien. Les services sociaux me font confiance ainsi que la Juge des enfants en m'accordant des droits de visite et d'hébergement élargis et normalement je dois récupérer mes enfants de manière définitive en décembre car ils ont pu vérifier que je suis une maman bienveillante.


A 15 ans la justice ne m'a pas cru quand je dénonçais les violences que je subissais, aujourd'hui je me bats pour que mon statut de victime soit enfin reconnu et pouvoir enfin tourner la page.


Je vous partage mon témoignage pour vous sensibiliser à ce qu'il se passe aujourd'hui en France pour les victimes de violences conjugales. Nous sommes des milliers à subir cette violence institutionnelle, d'ailleurs beaucoup de mes sœurs Guerrières tombent sur le champ de bataille (dépression, addiction, voire même suicide).


Je me battrais jusqu'à mon dernier souffle pour que justice soit rendue pour mes enfants et pour mes sœurs de combat. Ne lâchez rien, on est ensemble 💪❤

Angelique A.


40 vues0 commentaire
bottom of page