Violences conjugales: la levée du secret médical, un pas en avant qui en appelle d'autres
Désormais, un professionnel de santé pourra déroger au secret médical et saisir le procureur si une femme victime de violences vient consulter. Un moyen de lutter contre l'emprise psychologique que peut avoir un homme sur sa conjointe. Une nouvelle saluée par Noël Agossa, président de l'Association des familles de victimes de féminicides.

Après l'Assemblée Nationale la semaine dernière, le Sénat français a adopté, mardi 21 juillet, un volet législatif qui permet la levée du secret médical si une femme battue vient consulter. Une avancée que saluent les associations, qui espèrent aussi que la justice suivra. Désormais, un professionnel de santé pourra déroger au secret médical et saisir le procureur si une femme victime de violences vient consulter. Un moyen de lutter contre l'emprise psychologique que peut avoir un homme sur sa conjointe. Une nouvelle saluée par Noël Agossa, président de l'Association des familles de victimes de féminicides. « Bien sûr, cela va dans le bon sens. C'est quelque chose qui avance vraiment en terme de pratique, pas en terme théorique. Cela nous ravit, mais c'est aussi à double tranchant » confie-t-il. Car si un médecin pourra bientôt saisir la justice, y compris sans l'accord de la victime, et seulement en cas « d'un danger vital immédiat », les associations de lutte contre les violences faites aux femmes espèrent que la réponse pénale sera plus forte qu'aujourd'hui. ► Les associations réclament plus de sévérité « Aura-t-on le droit de dire "attention, mon mari ou mon conjoint risque de me retomber dessus" ? Car malheureusement, encore une fois, les sanctions ne sont pas assez fortes en France. Les sanctions ne sont pas assez dissuasives. Il y a la peur des représailles derrière. Il faut que les sanctions soient fortes, clairement, pour dissuader. Sinon, à quoi bon ? À quoi bon lever le secret médical si, deux ou trois mois après, les auteurs sont dehors ? », poursuit Noël Agossa. Chaque année en France, 220 000 femmes sont victimes de violences conjugales. Moins d'une sur cinq porte plainte. En 2019, 149 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Et depuis le début de l’année 2020, au moins 39 femmes ont perdu la vie. Durant le confinement, une hausse des violences conjugales a été constatée.
RFI 22 juillet 2020